“Elle est finie mon œuvre, et la seule satisfaction qu’elle me procure est de n’avoir jamais trahi ni abdiqué rien de tout ce à quoi j’ai cru. Vous le verrez peut-être, un jour, si quelqu’un se soucie jamais de me rendre justice. » Suzanne Valadon se confie ainsi à Francis Carco (1886 – 1958), homme de lettres, venu la visiter avant sa mort.
L’odalisque de la chambre bleue, dans une attitude de femme libre et indépendante. C’est bien la femme moderne qui est représentée !
A côté du musée interactif de la Mine, le Musée Espace Valadon présente gratuitement un petit espace dédié à Marie-Clémentine, née en 1865 à Bessines, à trente-cinq kilomètres au nord de Limoges. Fille de lingière et blanchisseuse, née de père inconnu, elle monte à Paris en 1870 avec sa mère, où elle décède en 1938. Elle devient une femme libre, au caractère marqué.
À Montmartre, elle rencontre des grands peintres, notamment Puvis de Chavannes (1824 – 1898), Renoir (1841 – 1919), Toulouse-Lautrec (1864 – 1901), Degas (1834 – 1917). Elle est d’abord acrobate, puis elle se fait appeler Maria lorsqu’elle pose en tant que modèle pour Auguste Renoir et Henri de Toulouse-Lautrec. C’est lors de ces séances qu’elle se familiarise avec le monde de l’art et avec la production plastique. Elle se fait appeler Suzanne une fois devenue peintre et est par ailleurs la première femme admise à la Société Nationale des Beaux-Arts, en 1894.
Cette peinture de Suzanne Valadon peut rappeler le sujet et la composition de certains tableaux hygiénistes de Degas.
Le musée des Beaux-Arts de la Ville de Limoges et le Monastère royal de Brou se sont associés pour organiser une exposition “Valadon et ses contemporaines. Peintres et sculptrices, 1880 – 1940”. Il faut compter parmi les tableaux accrochés des œuvres de Berthe Morisot (1841 – 1895), d’Emilie Charmy (1878 – 1974) ou encore de Suzanne Lalique-Haviland (1892 – 1989). L’idée est de donner une meilleure visibilité aux femmes, à travers leurs représentations ou leurs créations artistiques.
En raison de la crise sanitaire, le musée a su rebondir en présentant une visite interactive en trois dimensions. L’exposition nous raconte comment Suzanne Valadon évolue dans la bohème artistique à Monmartre et comme elle reçoit le soutien de la première galeriste femme à Paris, Berthe Weill (1865 – 1951), encleinte à montrer des créatrices. L’idée est de la placer dans un tournant, autour du XXe siècle, d’émulation artistique féminine. Il y a une quarantaine d’artistes femmes représentées et une centaine d’œuvres accrochées. Suzanne Valadon n’est montrée ici ni comme la “femme de…” ni comme la “mère de…”. Elle est inscrite dans la filiation des grandes figures de l’Histoire de l’art : elle réalise notamment des autoportraits, à l’instar des plus grands artistes hommes comme Rembrandt.
Attention, si Rembrandt se peint beaucoup c’est parce qu’il n’arrive pas à cerner sa personne alors que Suzanne Valadon se dessine toujours d’un trait ferme, fort et puissant.
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