Aujourd’hui, observons de plus près une autre forme d’art… le street art ! Vous pensiez que le street art était récent ? Détrompez-vous ! L’art de rue ou l’art urbain est un mode d’expression qui ne date pas d’hier. Né à l’origine avec le mouvement hip-hop, le tag est l’empreinte, la trace d’un message, une signature personnalisée, qui se diversifie et se vend aujourd’hui très cher…
Aux origines du Street Art
Il était une fois… Le Street Art
Le « Street art » est l’art, développé sous une multitude de formes, dans des endroits publics ou dans la rue. Le terme englobe la pratique du graffiti, du graffiti au pochoir, de la projection vidéo, de la création d’affiche, du pastel sur rues et trottoirs. Il est aussi utilisé pour distinguer une forme d’art d’un acte de vandalisme réalisé par un individu ou un groupe d’individus qui défendent leur territoire, leur appartenance à un groupe ou encore qui désirent passer un message.
Loin d’être une nouveauté dans l’histoire, le graffiti moderne marque les débuts de l’art urbain. Il naît dans les années soixante aux États-Unis, dans la ville de Philadelphie. Darryl McCray, mieux connu sous son nom de tag Cornbread, un habitant de la ville commence à écrire son nom sur les murs de la ville pour attirer le regard de celle qu’il aime : « Cornbread Loves Cynthia ». Il est largement considéré comme le premier graffeur moderne au monde. Il est par la suite imité par de nombreux autres citadins.
À la fin des années soixante, la tendance séduit New York qui voit naître de grands noms du street art : Taki 183 ou encore Blade One. Dans la rue, sur les trottoirs, les murs, les métros ou les surfaces publiques, tout est prétexte à créer et faire passer un message visible de tous. Graffiti, pochoir, posters, stickers, projections, il existe une multitude de techniques et de matériel pour que les artistes donnent vie à des chefs-d’œuvre de rue.
Peu à peu, le street art se diffuse dans le monde entier, et de nouveaux modes d’expression urbains apparaissent, comme le pochoir ou le sticker. Chaque artiste peintre s’impose avec une marque de fabrique, que l’on reconnaît à travers la signature ou bien au style du graffiti pour les aguerris… le rat de Banksy, les mosaïques de Invader…
Art de délit, art interdit
Seulement, les graffitis sont toujours très sévèrement sanctionnés, à cette époque. Ils sont considérés comme nuisibles et destructeurs de la propriété d’autrui. Les graffiteurs sont ainsi passibles d’amendes de 1 500 à 30 000 euros, en France, et peuvent être sujets à des peines d’emprisonnement allant jusqu’à une durée de deux ans.
Mais l’esprit de rue, c’est aussi échanger, affronter ses idées à celles des autres ou simplement les diffuser. C’est là toute la beauté des œuvres urbaines en ce qu’elles sont accessibles, même si souvent éphémères. Elles ne demandent pas de se déplacer dans une galerie ou un musée. Elles peuvent se trouver sur votre chemin, au carrefour d’une rue !
Le Street Art à la porte de l’Europe
New York, ville berceau des street artistes, connait un tournant en 1980. Le Maire interdit les graffitis dans la Grosse Pomme. Ce qui ne décourage pas deux artistes bien célèbres : Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. Les deux futurs géants du street art ouvrent leur propre galerie et démocratisent leur univers, ce qui ne tarde pas à faire écho en Europe…
Dans les années 1990 apparaît le street art dans le Grand Paris . Les métros sont envahis de graffitis et la rue saturée de fresques et de dessins colorés. La capitale voit fleurir dans ses rues et sur ses immeubles des milliers d’œuvres urbaines, sans compter sur les inscriptions vandales qui marquent, indéniablement, l’âge d’or du street art. Émergent alors Jérôme Mesnager, auteur d’une immense fresque à Menilmontant ou encore Jef Aérosol, pochoiriste français connu pour ponctuer ses fresques de flèches rouges.
D’ailleurs, cinq kilomètres sont dédiés au street-art le long du canal Saint-Denis entre La Villette à Paris et la Porte de Paris à Saint-Denis : c’est l’idée de Street art avenue. Le projet a été lancé en 2016 avec la réalisation d’une quinzaine d’œuvres, pérennes ou éphémères. Un projet qui se poursuit investissant toujours de nouveaux lieux. Pour en savoir plus sur Saint-Denis, n’hésitez pas à lire notre article Zoom sur… la nécropole royale de Saint-Denis.
La capitale voit également naître la création d’une association, M.U.R. (Modulable, Urbain et Réactif), qui regroupe quatre-vingt artistes et impose un principe simple : tous les quinze jours, un artiste squatte de grands panneaux publicitaires de la rue Oberkampf, à Paris, et expose son œuvre.
En 2009, le Grand Palais expose pendant plus d’un mois cent-cinquante tagueurs internationaux. Commence alors une véritable reconnaissance officielle et publique. Quelques mois plus tard, une autre exposition à la fondation Cartier, « Né dans la rue », permet à nouveau de mettre l’art de rue sous les projecteurs.
Les femmes en street art réussissent peu à peu à se faire une place et envahissent Belleville, l’un des quartiers énigmatiques du street art parisien. On citera notamment Zelda Bomba, Demoiselle MM ou encore Wild Wonder Women.
Accessible à tous, le street art ne demande qu’à être vu. Il se confronte aux citoyens où qu’ils soient, les surprend, leur raconte des histoires, dénonce, illumine, il est le témoin d’un art vivant et progressiste. Il n’est plus aussi éphémère qu’il l’était, et les artistes l’ont bien compris. Ils créent aujourd’hui des œuvres portables, sur toiles, sur planches, sur des pans de murs isolés et transportables et peuvent ainsi commercialiser plus facilement leur art sur un marché qui n’attend que ça.