En 1899, la France est l’un des plus grands empires coloniaux d’Europe. On vous parlait d’ailleurs dans un article dédiée de la grande aventure de la Compagnie française des Indes Orientales, créée dans le but de transporter richesses et marchandises venues des quatre coins du monde. Pour assurer sa production agricole, et améliorer l’approvisionnement de la métropole en café, thé, caoutchouc et autres ressources exotiques, on décide de créer un jardin d’essai servant à coordonner les expériences agronomiques sur les plantes des colonies françaises. C’est la création du jardin d’agronomie tropicale René-Dumont.
Un site exceptionnel d’agronomie
L’agronomie est l’étude des relations entre les plantes cultivées et leur environnement. Elle permet en outre de mieux aborder les processus d’agriculture. La première construction du jardin d’essai de Vincennes est la grande serre. Elle abrite les espèces végétales sur lesquelles les jardiniers vont travailler, comme le cacaoyer, le vanillier ou encore le caféier. Afin d’accroitre la production de ces plantes, diverses expériences et analyses sont menées. Le jardin reçoit en grande quantité des plants et graines, afin de mettre au point des productions avec le meilleur rendement possible. Les variétés les plus intéressantes sont ensuite renvoyées dans les colonies françaises d’outre-mer, à hauteur de 10 000 boutures et 40 000 graines par an.

En 1902, une école supérieure de l’agriculture est créée, dans le but de former les futurs spécialistes de l’ingénierie agronome qui se destinent à servir dans les colonies. Dirigée par Jean Dybowski, l’enseignement dure un an et les meilleurs professeurs y sont appelés. Une exposition d’agriculture coloniale est organisée en 1905, dans le but de prouver auxpouvoirs publics la qualité des travaux menés au jardin colonial. Elle permet également de faire connaitre au grand public les expériences menées au sein du jardin et de lui présenter lesproduits coloniaux. Ceux-ci sont classés par provenance, afin de refléter les différentes composantes du domaine colonial français. En 1921, le jardin colonial et l’école d’agriculture fusionnent pour devenir l’Institut National d’Agronomie Coloniale. Elle accueillera notamment René Dubos, l’inventeur du premier antibiotique, ou encore René Dumont, dont le jardin porte aujourd’hui son nom. Deux ingénieurs agronomes français dont les diverses actions ont fait d’eux des pionniers dans le domaine de l’écologie.
L’exposition coloniale de 1907
Le jardin accueille en 1907 une exposition coloniale, organisée par la Société française de colonisation. Ici encore, l’idée est de présenter au grand public la constitution de l’empire colonial français. Afin de représenter chaque partie du monde, des pavillons sont érigés, reprenant les code architecturaux et culturels des communautés en question. Certains proviennent d’anciennes expositions universelles, comme la serre du Dahomey, le pavillon de La Réunion ou encore le pavillon du Congo. D’autres sites sont reconstitués : les villages congolais, indochinois, kanak et malgache, la ferme soudanaise et le campement touareg. Ces installations vont jusqu’à accueillir des habitants. Ce sont pour la plupart des personnes recrutées dans les colonies, transportées en France, installées dans ces décors, déguisées de costumes plus ou moins traditionnels et payées pour fournir un spectacle aux visiteurs.



Cette exposition coloniale est considérée comme un succès puisqu’elle accueille près de deuxmillions de visiteurs. Beaucoup des pavillons construits à cette occasion sont aujourd’hui laissés à l’abandon, peu à peu recouverts par la végétation. Quels étaient les enjeux politiques, économique et sociétaux d’une telle exposition, aujourd’hui décriées à juste titre comme une « zoo humain » ? C’est ce que vous découvrirez lors de notre visite guidée au cœur de cet écrin de verdure.
Un lieu de mémoire
Outre son histoire forte avec l’époque coloniale, le jardin d’agronomie est également un lieu de mémoire de la Première Guerre Mondiale. En effet, le jardin sert à ce moment d’hôpital pour les troupes coloniales. Il accueillera plus de 4800 soldats et fermera ses portes en mai 1919. La grande majorité des blessés étant de confession musulmane, les ministères de la Guerre et des Affaires étrangères décident d’édifier dans le jardin unemosquée provisoire, le tout premier édifice de ce genre en France. Quelques années après sont démantèlement, la Grande Mosquée de Paris sera inaugurée en 1926. Les soldats coloniaux décédés sont inhumés notamment dans les cimetières parisiens de Bagneux, Pantinet Ivry-sur-Seine et ainsi qu’au cimetière de Nogent-sur-Marne. Le jardin colonial quant à lui est choisi comme lieu de mémoire pour l’érection de monuments dédiés aux combattants des différents corps de troupes coloniales morts pour la France. Il estaujourd’hui toujours possible de s’y recueillir.



Quel avenir ?
A partir des années 40, le site est peu à peu abandonné malgré la présence à courte durée de différents instituts de recherche en agronomie. Depuis 2003, c’est la mairie de Paris qui a repris la gestion d’une partie du jardin, et qui l’ouvre au public. Petit à petit, les bâtiments qui constituent ce site exceptionnel, témoin de la période coloniale de France, sontrestaurés. C’est le cas du Pavillon d’Indochine, qui abrite des expositions temporaires en majorité liées à l’écologie, et du pavillon de la Tunisie, qui accueille un espace de restauration pour les membres du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) ainsi qu’un centre de ressources. Néanmoins, la restauration totale de l’intégralité des bâtiments est lente, et la ville de Paris essaye régulièrement de trouver des occupants pour ces pavillons dans le cadre d’appels à idées.


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